Camp des Anglais : la campagne de fouilles vient de s'achever

 

 
 
Entretien avec Pierre-Yves Laffont, enseignant-chercheur en histoire et archéologie du Moyen Âge à l'Université Rennes 2.

En 2013, vous aviez ouvert des sondages dans plusieurs endroits du camp des Anglais selon un axe est ouest. Quels enseignements en avez-vous tirés ?

L'an passé, il s'agissait de vérifier la présence de vestiges archéologiques à l'intérieur des deux enceintes, d'estimer l'état de conservation et d'effectuer des datations. Une première étude portant sur plusieurs centaines de tessons de poterie et du charbon de bois a permis de dater une occupation du site entre 1160 et 1260. Un  foyer mis au jour serait du Xe siècle de notre ère.

Quand avez-vous ouvert ce nouveau chantier de fouilles ?

Le nouveau chantier de fouilles sur le camp des Anglais a été ouvert le 29 août. Il s'est terminé mercredi.

Qui travaillait sur ce chantier de fouilles ?

Moi-même, Lucie Jeanneret, doctorante à l'Université de Rennes 2 et une équipe de dix étudiants.

Qu'avez-vous découvert sur ce nouveau chantier de fouilles ?

Nous avons rouvert le chantier de la partie ouest, plus environ 600 m2, suivant un axe nord-sud avec une coupe dans le fossé nord. Nous avons mis au jour un grand nombre de trous de poteau et de piquet, diverses fosses des foyers et de probables « fonds de cabane ». Ce sont de petites structures d'habitat en partie creusées dans le sol et caractéristiques du haut Moyen Âge.

Plus étonnant, nous avons découvert, sous l'enceinte nord, les traces d'un foyer et d'une grande fosse. Ce qui signifie que le site était déjà occupé au Moyen Âge, avant l'édification des talus et des fossés.

Au cours de ces fouilles, des objets datant probablement des Xe-XIIIe siècles, tels que de la poterie (dont un pied de lampe en terre d'un modèle peu courant), des fers à cheval, des carreaux d'arbalète ont été découverts. En revanche, il y a très peu de fragments osseux.

Un nombre important de graines carbonisées (lentille, avoine, seigle...), de charbons de bois et de pollens fossiles permettra de compléter l'étude paléo-environnementale du site. Les types de cultures ou le régime alimentaire des habitants du site pourront notamment être déduits de ces éléments.

La poursuite des fouilles est-elle prévue l'année prochaine ?

Au début 2015, un rapport sera transmis au service régional de l'archéologie des Pays de la Loire. Une nouvelle demande d'autorisation de fouilles pour l'été prochain sera formulée avec pour objectif de confirmer la présence de structures sous le talus, de les dater, et plus largement, d'affiner notre compréhension d'un site beaucoup plus complexe que ce que l'on pouvait penser à l'origine.

D'où proviennent les fonds qui vous permettent de faire ces recherches ?

Les fonds proviennent du ministère de la Culture (service régional de l'archéologie des Pays de la Loire), de l'université Rennes 2, du conseil général et de la commune, qui apporte en plus son soutien logistique.