La plus vieille armure au musée de l'auditoire
 
L'histoire de l'armure qui date du XVe siècle, en dépôt à Sainte-Suzanne, comporte plusieurs mystères. Que Gérard Morteveille, passionné par le sujet, tente de percer.
Insolite

Cette armure a été façonnée, selon le musée des Invalides à Paris, entre 1410 et 1430. C'est ce qui fait qu'elle est la plus vieille armure de France. Appartenant au musée de Laval, mais en dépôt au musée de Sainte-Suzanne par convention, elle avait été envoyée en septembre dans un laboratoire scientifique à Nantes (Loire-Atlantique) pour prélèvements et expertise.

Elle est donc contemporaine du siège de Sainte-Suzanne par les Anglais en 1425. Son histoire garde une grande part de mystère. « Les recherches qui ont été faites laissent à penser qu'elle a été réalisée pour un personnage important », indique Gérard Morteveille, qui a été président des Amis de Sainte-Suzanne jusqu'en 2006, et d'expliquer : « À l'époque, un gabarit en bois, souvent à la mesure du chevalier, était transporté à dos de mulet jusqu'à Milan, en Italie, ville où étaient fabriquées les meilleures armures. Il fallait en moyenne un an avant son retour. Les dégâts dus aux coups et aux chocs qu'elle subissait dans les combats étaient réparés par les fourbisseurs et les meilleures d'entre elles pouvaient être utilisées pendant 150 ans. »

Retrouvée à l'hôpital

C'est vraisemblablement une armure ex-voto, conservée dans une chapelle ou un château en souvenir du chevalier qui la portait, mort au combat. Puis des siècles d'oubli pour cette armure, qui réapparaît en 1800, quand Napoléon crée les préfets. Sortant on ne sait d'où, elle quitte la cité, pour rejoindre Laval, chef-lieu du département, comme la loi l'exigeait pour les trésors.

De nouveau, elle disparaît, « et je la retrouve en 2005, dans l'ancien pital Saint-Julien, à l'occasion d'une rencontre avec Estelle Fresneau, à l'époque conservatrice du Musée de Laval », précise Gérard Morteveille. Depuis cette date, elle s'expose au deuxième étage du musée de l'auditoire avec les armes et les objets de guerre de l'époque médiévale.

La partie basse de cette armure est manquante. Complète, elle pesait entre 20 et 25 kg et les différents éléments étaient reliés par des courroies de cuir. « Pour avoir essayé l'épaulière et la cubitière (qui protège le coude), je peux assurer de sa légèreté et de sa souplesse d'utilisation. »

Si l'on considère que cette armure appartient administrativement à Laval, « elle est historiquement rattachée à la cité médiévale, et fait partie du patrimoine national, souligne Gérard Morteveille. C'est intéressant que son parcours de six siècles reste une énigme car, c'est cela aussi l'Histoire. »