C'est l'histoire d'un jeune garçon qui dans la chambre de ses grands-parents à Sainte-Suzanne regarde émerveillé son globe terrestre. À son grand-père, boucher de la commune, il fourmille de questions : « Où est le Kenya ? La Bolivie ? Et la Tanzanie ? » Il rêve de grands espaces et de voyages aux longs cours. Les aventures de Tintin, d'Indiana Jones parsèment ses étagères.

Aujourd'hui, bien des années ont passé. Le rêve de Laurent est devenu réalité. Après avoir fait « son devoir », comme il dit, à savoir « classe préparatoire et école de commerce », il s'est lancé dans l'aventure. À son actif, Paris-Tokyo, la route Inca, le Canada, l'Alaska, etc. « Je voyage depuis de nombreuses années sur les routes historiques en utilisant des modes de transport traditionnel », explique Laurent Granier, 38 ans.

Bien loin de l'image qui colle à la peau du globe-trotter se nourrissant d'air pur et d'eau fraîche, Laurent Granier vit de ce métier à part entière. Il fait partager ses aventures à travers des livres illustrés, des films documentaires, des articles de presse.

25 à 30 kilomètres par jour

Au fil des voyages, il en vient à mieux connaître la Bolivie que la France. « Accompagné d'Aurélie, mon amie, nous avons voulu faire le tour de notre propre pays. Parce qu'à force de partir loin on oublie d'où l'on vient », affirme-t-il. 6 000 kilomètres à pied le long de nos frontières entre mer et montagne, un an de marche à pied, à raison de 25 à 30 kilomètres par jour. Un tel périple est une première pour Aurélie Derreumaux. Celle-ci n'est pourtant pas dépaysée. Elle a travaillé dans l'humanitaire au Pérou, voyagé en Amérique Latine jusqu'à la Terre de Feu en Patagonie.

Au programme du jeune couple : les plages du Nord, les criques de Bretagne, les Pyrénées en hiver, les calanques de Cassis, la traversée des Alpes, le mont-blanc, le Rhin, etc. Une véritable aventure humaine ponctuée de scènes de vie, de rencontres.

« Sainte-Suzanne, pour souffler ! »

« Nous avons reçu plus de 600 propositions d'hébergement », affirme Laurent. Ils s'invitent chez l'habitant, pour « le gîte et le couvert ». Autour de la table, Aurélie et Laurent rentrent dans la vie intime de « ces Français, de cette France d'en haut et d'en bas. Toutes les classes d'âges et toutes les classes sociales sont réunies autour de la marche et d'un défi solidaire », assurent-ils.

Les Français ont été nombreux à sortir de chez eux, accompagnant les deux aventuriers, le temps d'une promenade. Ils s'engagent pour « ceux qui ne peuvent pas marcher, grâce à la vente symbolique de nos kilomètres au profit de Handicap international », indique Laurent. Les gens viennent même les voir comme « ceux qui se pressent aux bords des routes pour les coursiers du Tour de France », ajoute-il.

Et, fin août, c'est la délivrance. La fin de l'aventure. Pour souffler, Laurent revient à Saint-Suzanne, « afin de retrouver ses racines ». De cette aventure, Laurent et Aurélie en ont fait à un ouvrage qui se veut « très vivant. Nous avons à tour de rôle écrit un chapitre. Nous avons chacun notre regard sur notre périple. » Les aventuriers infatigables vont-ils repartir ? Ils hésitent et se lancent : « pourquoi pas ? Mais dans l'autre sens », plaisantent-ils.

Ce samedi, à partir de 16 h, à la librairie Chapitre-Siloë de Laval, Laurent Granier et Aurélie Derreumaux dédicacent leur livre « Bienvenue chez vous ! Le tour de France à pied - 6 000 km le long des frontières », Editions Geo. http://tourdefranceapied.com. (Ouest-France, 27/01/2013)